Pyrénées Tour Trail

Pyrénées Tour Trail

Pyrénées Tour Trail (101km/7700mD+/3jours)

Cette année j’étais pour la première fois sur le Pyrénées Tour Trail (PTT). Une course de 101km avec 7700m de dénivelé positif découpée en 4 étapes sur 3 jours :

1 : Jeudi 23 août 8h : 21km, 1500mD+

2 : Jeudi 23 août 20h : KV ou Kilomètre Vertical : il s’agit de courir (ou de grimper…) 3,6km avec 1000m de dénivelé positif, c’est le jeudi soir, soit quelques heures après la fin de la première étape, il fait nuit.

3 : Vendredi 24 août 7h15 : 33km avec 3300m de dénivelé positif. Arrivée au Pic du Midi de Bigorre après une ascension de 10km depuis la station de La Mongie…

4 : Samedi 25 août 7h00 : 42km, 2000m de dénivelé positif, départ du centre de Saint Lary et arrivée à Vielle-Aure.

Le PTT était au départ l’objectif final de ma saison. J’avais à ce moment là enchainé une vingtaine de courses entre trails et asphalte et je voulais me tester sur 3 jours de courses intenses dans la montagne. La préparation s’est faite à travers 3 autres grands trails que vous pouvez retrouvez sur le site : Le Trail d’Hautacam (42km), le Patou Trail (42km) et le T3P (66km).

Le PTT est une course particulière, il faut réussir à gérer son effort sur 3 jours, à travers des épreuves variées en termes de technicité et d’endurance. Le Kilomètre Vertical peut être un calvaire pour ceux qui ne sont pas entrainés, croyez moi j’en ai fait les frais…

ETAPE 1 : Piau Engaly

Le départ de cette étape se fait à 8h, elle lance le départ du Grand raid des Pyrénées, et beaucoup de monde est présent pour assister à ce moment intense de sport ! On est en contrebas de la station, proche des bâtiments. Je vérifie une dernière fois mes chaussures, mon sac de trail et je réalise à ce moment qu’il me manque quelque chose d’essentiel. Alors que mon IPhone a de la batterie, que la caméra est prête à filmer, que mon buff est bien mis et que mes chaussettes n’ont pas de plis j’ai quand même réussi à oublier mes bâtons de trail ! Ceux avec lesquels j’ai couru mes 3 derniers grands trails, ceux avec lesquels j’ai développé une foulée bien à moi. Donc le départ est dans 10min et je n’ai pas de bâtons… À travers mon expérience militaire, on m’a toujours expliqué que le mot clef c’était l’adaptabilité. Ce qui veut donc dire que je m’élance sur une des courses les plus compliquées des Pyrénées sans appuies pour les côtes et sans stabilisation en descente.

A ma plus grande surprise je n’aurai pas de mal à grimper les pistes de ski déneigées de Piau, et je vais même harceler le groupe de tête plusieurs fois (dans les 20 premiers). Le parcours est composé de deux boucles de 10,5km chacune, mais qui ne sont pas les mêmes. Une fois la première bouclée je trouve que je m’économise trop et je repars en accélérant franchement sur la deuxième. S’en suit un terrain qui grimpe fort, je gagne des places, puis ça devient rapidement roulant. On est au 17ème km, les places sont faites. Cela coûte trop cher d’en reprendre donc je stabilise ma vitesse jusqu’à la fin. Je me place 46ème sur 220 coureurs à l’arrivée de cette première étape.

ETAPE 2 : Kilomètre vertical

Le départ du KV se fait dans l’ordre du classement de la première étape inversée. Je suis 46eme, je partirai donc 174ème dans les 50 derniers. Un départ a lieu toutes les 15 secondes. N’ayant que très peu d’entraînement sur ce type d’épreuve je pars un peu vite..trop vite.. je rattrape les 3 coureurs devant moi puis au bout de 200m d’ascension je suis en surmenage. Je n’ai aucun souffle, je suis perdu, je commence à perdre la vision des couleurs. Je ralenti un peu mon rythme, mais je décide de continuer mon ascension. Je pose finalement mon cerveau sur le côté de la route et je fonce sans réfléchir en pensant à l’arrivée en haut, tout en haut… Il reste 800m d’ascension mais surtout 3km de distance… La nuit est tombée quelques minutes avant que je parte, ma frontale me joue des tours et à cause des faux contacts s’éteint parfois. Je décide donc de rester dans les pas du trailer devant moi et de suivre son ascension grâce à sa frontale. Arrivée au Pla d’Adet, on est à 800m d’ascension je pensais que la course touchait à sa fin. Je libère donc les chevaux et je pars en sprint sur l’avenue principale…

Quelques secondes plus tard je verrai les centaines de frontales présentes à environs 200m en altitude, c’est là que je comprends qu’on a absolument pas fini cette course et qu’il doit me rester encore 10min de souffrance. Les muscles sont raides, les 21km du matin se font sentir. Je me ferai doubler par une dizaine de concurrents dans cette montée finale où je vais subir chaque pas, où je ne vais pas arrêter de me répéter dans ma tête de ne pas abandonner, de ne pas lâcher même si chaque mètres de parcourus sont un vrai calvaire. Quand j’arrive au bout de cette étape, on scanne mon dossard, je m’écroule au sol et deux de mes camarades d’épreuve viennent me donner un coup de main. Je suis dans le rouge, je ne discerne plus les couleurs, je vois flou, je n’entends quasiment pas et je n’ai plus d’équilibre. Après quelques minutes à phaser… et après quelques M&M’s avalés, je peux commencer à redescendre sur le Pla d’Adet afin de prendre la navette qui me ramène à mon hôtel. La prochaine fois je préparerai sérieusement ce KV. Je me place tout de même 33ème.

Etape 3 : 33km au départ d’Espiaube

A 7h15 le départ est donné pour cette 3ème épreuve (qui sera la plus longue). Il y a eu de la casse sur le KV et on compte déjà une petite dizaine d’abandons. Au classement général je suis toujours 47ème ce qui est assez impressionnant à la vue de ma performance sur le KV ! Cette étape démarre fort avec beaucoup de dénivelé, je ne me pose pas de questions et je colle de suite le groupe de tête afin de ne pas être distancé. Mon sac de trail a été préparé à la perfection. j’ai ce qu’il me faut pour manger, pour boire malgré le peu de ravitaillement sur ce parcours. Jusqu’au km25 tout se passe super bien et j’enchaîne les kilomètres. Et là au 25ème, chute, puis hypoglycémie. Difficile de repartir, il fait très froid en haut des crêtes et une chaleur assez déstabilisante dans les vallées. je décide de faire équipe avec un coureur breton et un basque qui sont dans le même état que moi…

On repart à 3 et on se motivera jusqu’à Lamongie, dernière barrière horaire et dernier ravitaillement avant l’arrivée en haut du pic du midi de Bigorre. Arrivée au Ravito, je veux repartir aussi vite que je suis arrivé, les gars eux veulent souffler un peu et se reposer. Je sens que mes jambes ont du mal ce jour là, les crampes arrivent et les courbatures aussi. Je n’ai pas assez bu dans les dernières heures. Je repars donc directement après quelques petits étirements qui ne seront utiles qu’à ma confiance plutôt qu’à mes muscle. Je me met au défi de ne pas marcher sur les 10km d’ascension qu’il restera ! pari tenu……jusqu’au 9,4ème km. Les 600 derniers mètres au Pic du Midi de Bigorre sont beaucoup trop intenses. Le vent est glacial et les jambes ne sont plus là depuis un bon moment ! J’arrive sur la terrasse en altitude, je ne discerne rien, aucune montagne, aucun horizon. Il fait 0°C, le brouillard est partout et je me presse de redescendre par le téléphérique. Je me place 45ème sur cette étape.

Etape 4 : marathon de montagne : 42km 2500m de dénivelé positif

C’est finalement sur la dernière épreuve, celle que je redoutais le plus que j’ai pris le plus de plaisir et où je n’ai eu aucunes difficultés. Du début à la fin le parcours a été plutôt roulant même si plusieurs cols ont été compliqués à passer, cela n’avait rien à voir avec l’épreuve de la veille. D’ailleurs pendant le marathon mes jambes répondaient bien et je me suis même payer le luxe de faire des photos et des vidéos ! en effet c’était la première journée avec du soleil !!

J’ai contrôlé ma vitesse pour ne pas me mettre dans le rouge, et malgré une petit hypoglycémie (j’en fais souvent malheureusement) j’ai déroulé sur ces 42km. Arrivé en haut du dernier col, il restait 8km de descente. A ce moment là de la course je me dis qu’il faut que je reste dans le Top 50 du classement c’était l’objectif que je m’étais fixé. Je vide mes gourdes, je jette les barres et les gels qui sont encore dans mon sac de course, je vide tout ! Je pars sur une moyenne de 14,5km/h que je ne lacherai jamais. Je ferais même des pointes à 21km/h. Au départ de la descente nous étions un groupe de 9. 200m plus loin nous ne sommes plus que 4 à tenir ce rythme. 5km plus tard je suis tout seul et je finirai quelques minutes plus tard seul, mais à la 47ème place de Pyrénées Tour Trail.

Une course avec une organisation au top. Un esprit de compétition fair-play avec de belles rencontres et surtout de magnifiques souvenirs. J’ai déjà choisi de repartir l’an prochain sur le grand raid des Pyrénées, mais cette fois-ci sur le 120km !


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *