Desert Ultra

Desert Ultra

NAMIBIE, ENTRE MONTAGNES, SABLE ET NUAGES

Désert Ultra 2020

Le désert du Namib est impressionnant. Il s’étend sur plus de 80 000 km2 et il est considéré comme le désert le plus vieux du monde. Les paysages qui s’y dessinent sont impressionnants, intemporels et majestueux. 

S’aventurer dans le désert du Namib demande une excellente connaissance du terrain, mais également un guide qui vous sera indispensable. Pendant la journée, au soleil, les températures peuvent dépasser les 55°C ! C’est un véritable chauffage qui n’hésitera pas à vous déshydrater. Il est essentiellement composé de sable et de roches mais possède très peu de dunes contrairement au désert du Sahara. Sur des kilomètres, il est tout simplement plat, plat et encore plat. C’est d’ailleurs ce qui le rend si difficile à affronter pendant une épreuve sportive d’ultra endurance.

En novembre, une course y a lieu. Elle s’appelle le Désert Ultra et elle est organisée par Beyond The Ultimate, une entreprise anglaise spécialisée dans la réalisation de courses à pied à l’étranger. Au programme, 250km en 5 jours en autonomie alimentaire. Cela signifie que les coureurs portent sur leur dos toute la nourriture nécessaire à la bonne réalisation de leur parcours dans cette immensité. 

Les étapes ne font pas toutes la même distance et le cadre évolue également. Voici la répartition :

Jour 1 : 51km

Jour 2 : 50km

Jour 3 : 42km

Jour 4 : 21km

Jour 5 : 92km

Dans ce genre de course le plus difficile n’est pas l’enchaînement des kilomètres, car tous les coureurs sont préparés pour ce genre d’exercice. Le plus compliqué reste la gestion de l’effort, la bonne consommation d’eau et de barres de céréales. Dès le kilomètre 0 c’est un défi contre cet environnement qui commence. La première étape commence à 8h00 et la température est déjà proche des 30°C. Tous les coureurs, qui sont une cinquantaine s’élancent à travers le désert en suivant les balisages posées dans le sable tous les 100/200m. La plupart d’entre eux son équipés de guêtres pour se protéger des grains de sable mais aussi d’un sac à dos de trail ou de randonnée afin de contenir tout leur matériel pour mener à bien ce périple.

Vivre cette course est quelque chose d’exceptionnel. Enlevez vous rapidement de l’esprit que ce genre de compétitions est réservé à une petite élite de sportifs surentraînés. Il suffit de s’armer de motivation et en amont d’avoir un entraînement sérieux sans tomber dans le surentraînement. Une bonne hygiène de vie et un équipement sérieux et solide vous aidera énormément. 

En terme de technicité il n’y a pas vraiment de difficulté. Le terrain est souvent plat, facilement balisé et l’itinéraire est ainsi tracé sans que vous ayez besoin de vous poser des questions ! Le plus difficile reste votre capacité à gérer votre allure et à optimiser l’effort sur la totalité de la semaine. Rédacteur Web chez Speck Sports, j’ai eu la chance de prendre part à cette aventure et je vais vous en donner quelques détails personnels sur mon ressenti au cours de cette épreuve.

Prémices de la course

A 24 ans, je me suis élancé comme le benjamin de cette compétition. Equipé d’un sac Raidlight, de chaussures La Sportiva, et d’une tenue Salomon j’ai vite eu la possibilité de concourir en tête de course malgré les aléas du climat. Mais avant ça, petit retour sur mon équipement :

J’ai décidé d’optimiser au maximum mon paquetage et c’est pourquoi je ne possédais qu’une seule tenue de course, une trousse de soin, de la nourriture lyophilisée en sachets reconditionnés, une frontale, un couteau, une paire de chaussettes supplémentaires, une capacité de portage de 2.5L, mon téléphone portable, une Go Pro, et quelques Powerbank. Le poids de ce paquetage est de 8kgs sans eau et de 10.5kgs lorsqu’il est complet. 

Pour le système d’hydratation, je ne suis pas un grand fan des poches à eau, donc je m’étais équipé de 2 gourdes Raidlight 0.75cl + 2 flasques Salomon 0.5cl. Toutes ces gourdes étaient à portée de main sur mon paquetage.

Les chaussures son primordiales et j’avais opté pour des La Sportiva qui se sont révélées efficaces et solides. J’avais également équipées celles-ci de guêtres Raidlight afin de les protéger du sable. Pour ce qui est du sac je possède un vieux Raidlight Olmo 20L mais qui sera bientôt remplacé par son descendant : Le RaidLight Responsiv ou bien par un sac à dos plus typé trek comme Osprey.

Départ

Après 2 avions, nous sommes arrivés à Windhoeck dans le petit aéroport. En pleine nuit, en plein milieu du désert finalement. Après 45minutes de route, nous retrouvons l’hôtel où tous les coureurs réside avant le départ pour un poste avancé dans le désert du Namib. Au petit matin, les 40 coureurs dans 2 bus plus ou moins tout terrains se sont aventurés avec l’équipe de Beyond The Ultimate en direction de la montagne Spitzkoppe. Un endroit idéal pour se couper du monde : pas de réseau, une immensité qui s’étend à perte de vue et des personnes qui ont une superbe mentalité de partage et de solidarité.

Les coureurs dorment dans des tentes, et l’organisation nous fournit un matelas isolant. En effet, pendant la nuit dans le désert les températures sont très froides.

A 8h00 la colonne de coureurs s’élancera à l’assaut du Désert du Namib et ce sera parti pour 5 jours d’aventure, de partage, de découverte, de solidarité et de rêve. Mais il y aura des moments moins drôles avec des blessures, des douleurs, et des abandons. 

Semaine de course

Les étapes s’enchaînent au fur et à mesure et les coureurs perdent petit à petit leur éclat et leur forme physiques des première heures. Les pieds subissent la chaleur et l’abrasion du sable, le corps souffre pendant les étapes de déshydratation. Chacun se bat contre lui même et tente par tous les moyens de s’accommoder à cet environnement hostile et aride. Les premiers coureurs en tête sont plutôt des habitués..namibiens et espagnols. 

Tout au long de la semaine les arrivées se font au compte goutte dans un camp monté pour la nuit et qui se déplace chaque jour en fonction des étapes. Une grande tente centrale apporte de l’ombre au coureurs mais elle est également un lieu de vie où ils peuvent échanger sur la belle aventure qu’ils sont en train de vivre. Francais, espagnols, allemands, canadiens, anglais, namibiens, et d’autres sont finalement ensemble dans cette aventure de folie et se voient plus comme des coéquipiers que comme des concurrents. L’ambiance est géniale, l’équipe de Beyond The Ultimate organise parfaitement sa course et l’équipe de médecins Exil Medics s’occupe de soigner les plaies et les pieds des coureurs de manière très efficace. Sans les médecins de Exil Medics je n’aurai sûrement pas pu finir la dernière épreuve. 

Il y a de la musique, d’autres coureurs qui se reposent, des aventuriers qui arrivent au fur et à mesure sous les applaudissements des autres coureurs et de toute l’équipe organisatrice. Nous sommes au bout du monde, et pourtant on ne ressent pas le manque de la société.

Toute une équipe locale s’occupe de l’approvisionnement en eau et parcourt le trajet aux côtés des véhicules de l’organisation avec une grande citerne d’eau. Il y en a toujours à volonté et nous n’avons jamais manqué d’eau.

Paysages

Les paysages que j’ai pu apercevoir au cours de ce périples sont majestueux. Que ce soit les portions de désert qui s’étendent à perte de vue, les montagnes ou bien les arbres fossilisés, cet endroit reste magique, spéciale et possède une certaine noblesse. Le plus marquant dans cet espace géographique reste le silence qui est roi. Ni le vent, ni les rares animaux rencontrés viennent détruire le silence qui règne en maître sur ces terres.

Un soir sur le campement 4 nous avons eu la chance de croiser des éléphants qui étaient à quelques mètres seulement des tentes. Croiser des animaux sauvages comme ça ne sera peut être plus possible dans quelques décennies alors autant en profiter et avoir conscience de ce spectacle.

Arrivée et dénouement

La dernière étape fut longue, très longue. 92km exactement que nous avons eu du mal à boucler avec mon compatriote français, mais comme tous les autres coureurs au final. L’arrivée se fait dans un camp de préservation des rhinocéros. : « Save the Rhinos ». Les derniers kilomètres sont très compliqués car nous suivons l’intérieur d’un Canyon sans jamais voir la ligne d’arrivée. Et puis au détour d’un énième virage, nous apercevons les drapeaux de Beyond The Ultimate. La ligne d’arrivée se trouve à 200m de nous, nous y sommes enfin. Après avoir passé la ligne, l’autonomie alimentaire est terminée. Adam le directeur de course et coureur professionnel vient nous apporter une bière bien fraîche et nous félicite.

Nous terminons cette dernier étape 5ème et 6ème et ce sera également notre classement final. Je garde de cette course des souvenirs magnifiques faits de paysages, de solidarité et de détente sous la grande tente centrale à discuter avec les coureurs des autres pays. Parfois le soir on faisait des grands feux de camp où beaucoup de coureurs avec un passé hors norme racontaient leur aventures et leurs courses dans d’autres lieux tout autant marginaux. 

Le Desert Ultra est finalement une aventure plus qu’une course. Il permet de se dépasser tout en parcourant 250km de désert et de paysages. C’est une course qui se destine à tous ceux qui souhaitent vivre quelque chose d’unique et en cohésion avec l’environnement qui les entoure.